Le maître des illusions Donna Tartt
Parler deux fois du même livre? il semble que cette fois Bartllebooth soit en panne (définitive?) d’inspiration..... Que nenni, l’évocation du maître des illusions par Thom dernièrement m’a fait me rendre compte que j’avais bâclé une chronique de ce livre ( je ne mets pas le lien, trouvera qui voudra), livre que je tiens pour un des points cardinaux des livres ou oeuvres que j’emmènerai sur une île déserte (cependant je ne partirai pas seul, pas folle la guêpe, je ne pourrai me passer de présence féminine).
Alors ce livre ? À sa sortie, deux indicateurs me l’avaient fait acquérir, 3 pages dans le cahier livre de libération (mais en même temps, ce n’est pas forcément un gage de bonheur de lecture j’ai souvenirs de 3 pages sur Éric Chevillard, dont la lecture fut un calvaire), et la présence de l’auteure dans une émission de Bernard Rapp. Sa présence dans cette émission, son chien qu’elle avait prénommé du nom d’un personnage de PG Wodehouse (il faudra que je revienne sur cet auteur un jour), une langue française maîtrisé avec brio et un charme naturel à faire fondre le post-adolescent frustré que j’étais, m’obligeaient (et oui je suis un être faible) à faire l’acquisition du livre soit à l’époque un petit pavé.... je me souviens du lieu de lecture (ma chambre) et du temps qu’il me fallut pour le lire, moins de 48 heures, bercé et hypnotisé par l’histoire et la langue.
Au départ c’est un thriller ou un vulgaire livre policier, sauf que là pas d’énigme pour vous tenir en haleine et vous faire sauter des passages vu que vous connaissez la fin au bout de deux pages. Alors pourquoi continuez vous ? Pour tout le reste bien évidemment mais quel reste ?
Le reste, et bien tout d’abord on a une forme de roman de campus qui synthétise le passage de l’adolescence à l’age adulte dans un lieu unique, ce moment qui fera ce que vous serez plus tard (ou ce que vous ne serez pas), sentiment d’ailleurs donné par le narrateur. Ensuite c’est une description du groupe ,de la majorité et des compromissions, des acceptations que l’humain est prêt à faire pour garder son statut, l’image de soi auprès des autres , compromissions qui là iront jusqu’au cautionnement de l’inacceptable. Enfin il y a quelque chose sur la solitude de l’âme humaine et de l’isolation dans laquelle un esprit névrosé peut aller (cf. les vacances d’hivers du narrateur).
La langue est limpide, l’équilibre parfait entre le style et le fond. L’erreur la plus courante fut de comparer Donna Tart à Bret Easton Ellis du fait que le livre lui était dédié. Ils avaient seulement fait la même école d’écriture. Si Ellis au travers de ses livres a été capable de monter les turpitudes de l’homme occidental blanc et avec talent, Donna Tart a fait avec ce livre une oeuvre universelle dans ce qu’elle exprime, l’attrape coeur d’une génération en quelque sorte... Mon catcher in the rye en tout cas