La cruauté de la vie...

…C’est qu’elle n’est pas infinie…mais c’est aussi ce qui fait son charme, cette incertitude du moment où vous ne serez plus demain ? Dans 20  ans ? Donc ne pas reporter à demain car demain existera t-il ? Et après demain ?

La cruauté de la vie c’est d’ouvrir sa boite mail et d’éliminer au fur et à mesure ces spams qui polluent tout (appel à témoin : qui a dit que j’avais un petit pénis car maintenant un certain nombre d’entreprises commerciales semble vouloir me vendre des produits dont je doute de l’efficacité ?)Et au milieu de ces spams, à deux doigts d’en éliminer un, vous découvrez qu’il vient du manager du Esbjorn Svensson Trio. Vous lisez en diagonale et là vous relisez persuadé que vous avez fait une erreur de compréhension mais non comme un coup de poing au foie, vous comprenez groggy que Esbjorn Svensson, le pianiste du trio est…mort…le 14 juin il y 15 jours demain…cela fait longtemps que vous n’avez suivi les infos en profondeur mais de toute façon qui se soucie de la mort d’un jazzman suédois ? 44 ans, si jeune,  un trio qui a, à mon sens, révolutionné le jazz moderne sans le dénaturer. Vous reviennent en tête les images d’un concert partagé à Coutances il y 3 ans  et ce goût acre dans la bouche qui vous dit que jamais plus vous ne pourrez revoir cette osmose entre ces 3 musiciens. Vous pensez un instant à sa femme, à ses deux enfants et au batteur et au bassiste de cette formation si unique. Stockholm en juin devait être magnifique, la baltique aussi, pour qu’il aille y faire de la plongée avec un groupe et y laisser sa vie. Du coup j’espère bien qu’il y a « autre chose » après car son œuvre n’était pas finie et que « d’autres » en profitent, que ce son n’ai pas disparu dans les limbes de la baltique. C’est moche Stockholm un 14 juin…

La cruauté de la vie, c’est aussi de feuilleter les exemplaires du monde que vous avez en retard, pour chercher un article sur la mort de Esbjorn Svensson, de ne pas le trouver mais du coup de recevoir votre deuxième coup au foie de la journée, Mario Rigoni Stern est mort lui aussi, le 16 juin…86 ans, moins surprenant mais bien triste aussi. Pour ceux qui ne le connaissent pas, c’était  un écrivain italien, qui fut soldat pendant la deuxième guerre mondiale (front des alpes, Grèce et Russie). Il tirera de cette « expérience » de magnifiques livres au lyrisme simple, non pas sur la guerre mais sur l’humanité. Primo Levi le tenait en grande estime. Ses livres avaient la beauté de la simplicité, de l’essentiel dans l’adversité et d’une foi dans l’homme malgré ses turpitudes. Son regard sur la nature était lui aussi magnifique.

C’est cruel la vie, mais c’est si beau…sauf en juin...parfois.